dimanche 28 juin 2009

"Le statut quo n'est plus possible"



Nous citons là, Monsieur Nicolas Sarkozy, président de la République Française. C’est un sérieux désaveu de tous ceux, fils et filles du Nègre Fondamental, père dit-on de la responsabilité martiniquaise et de je ne sais quelle autonomie politique, tous ceux, hyper colonisés en plein 21e siècle qui n’ont toujours pas réussi à comprendre le principe même du politique, la réforme permanente. Plus tard et plus loin, ou même dans la foulée, le président français avait enfoncé le clou, répondant au tableau sombre de la situation économique et sociale de la Martinique dépeint par Madame Catherine Conconne, "Les chiffres que vous avez justement indiqués (chômage, minima sociaux,) Mme Conconne, condamnent le statu quo ! Le confort de l'immobilisme est un confort illusoire", et… "Après ce que vous avez dit, défendre le statu quo serait incompréhensible" ! Il n’est pas question ici d’un relevé des morceaux choisis du discours du président français, il s’agit de montrer l’incohérence du discours PPM (Parti Progressiste martiniquais) et l’insignifiance, voire l’absurdité du charabia d’une partie de l’UMP-local et des FMP (Forces Martiniquaises de Progrès), un pied-de-nez au progrès, justement.

Car au fond ces discours pathétiques d’opposition à l’aggiornamento administratif proposé, montrent bien une non-maîtrise de la culture politique française, une incapacité à sortir du statut de colonisé du milieu du 20e siècle. Ces discours d’opposition à l’autonomie de gestion proposée, se posent parfois en défense d’une autonomie politique bradée (car, c’est vrai, cet aggiornamento administratif ou autonomie de gestion n’est pas l’autonomie politique) ; parfois en garantie d’une revendication d’égalité sociale désuette et trop arcboutée sur un conflit racial poussiéreux ; parfois, dans le charabia UMP-local/FMP, en rempart ridicule contre des dérives politiques fantasmées. Les élus politiques de Martinique ont, à une écrasante majorité, toutes tendances confondues puisque un élu local UMP avait voté pour, mis le cap sur disons l’autonomie de gestion les 07 décembre 2008 et 18 juin 2009 ; la minorité (PPM, FSM, UMP/FMP) ne semble pas comprendre qu’il s’agit là d’un projet politique qu’il faudra négocier toujours car le 21e siècle (quelque part, la deuxième partie du 20e siècle déjà) a définitivement institué la négociation politique presque partout sur la planète.
Il reste que l’autonomie de gestion proposée ici, complète davantage une intégration politique dans l’ensemble franco-européen qu’une disons spécialité ou spécificité politique caribéenne. L’article 74 ne présenterait qu’un seul avantage, avec un exécutif collégial, détaché de l’assemblée territoriale, il pourrait permettre un débat politique et renouveler partiellement une culture politique martiniquaise amorphe. Mais puisque le peuple martiniquais, trop légitimiste, donne toujours aux sortants des majorités trop écrasantes, alors le débat politique ne se renouvelle jamais. Qu’on comprenne enfin, les partisans du 74 et les attardés du 73, (attardés du 73 parce qu’ils sont dedans depuis 1946 et pourtant ils en revendiquent l’application, à-tue-tête) qu’une autonomie de gestion, une assemblée territoriale dans le cadre de l’article 74 de la constitution française (j’appuie sur « constitution » pour que les pseudo-journalistes politiques, vestiges de la France-Afrique et bwabwa de la plantation coloniale et politiciens-rhum comprennent bien qu’il s’agit là d’un socle juridique et qu’une constitution n’est pas le règlement interne d’une plantation de makandja ou un droit coutumier ficelé à l’ombre d’un baobab ou d’un grand mapou centenaire) renforcerait indirectement mais dangereusement les pouvoirs des services déconcentrés de l’Etat et c’est tout bénef, en Martinique, pour l’ethnoclasse békée, la plantocratie féodale par, disons, parenté ethnique. Je ne vais pas écrire proximité culturelle, les tenants de la plantocratie féodale n’ont jamais été des lumières en matière de culture, ni de politique d'ailleurs. Car enfin depuis 2003, l’année du "nou pa’a genyen chat an sak" (j’ai traduit un créole pathétique en une langue martiniquaise intelligible) des "champions de la nation martiniquaise", l’intégration politique de la Martinique dans l’ensemble français et européen (c’était le but de cette assemblée territoriale gérée par l’article 73 de la constitution française) a transformé ce vieux DOM en DROM, rendant floues les lignes de partages entre les articles 73 et 74 de la constitution française. L’article 74 donne davantage de possibilités de négocier certes, mais la négociation n’est possible que dans le cadre d’une égalité du statut des parties et d’une culture politique maîtrisée. La pauvreté du spectacle donné par le PPM (et le transfuge socialiste J. Crusol, lè yo di'w misie te ka montre moun ekonomi nan lekol se pou'w foute plere atè pou tousa manmay ki trape kaka kalbas la nan kabech, an moun pe pa bwabwa konsa, se an maledision) montre bien cette non-maîtrise du politique, disons moderne. Car enfin, les discours du candidat Sarkozy, les discours du premier ministre français à Basse-Terre (Guadeloupe) en 2007, la consultation de 2003 et les aménagements successifs de l’article 73 de la constitution française avaient montré clairement une urgence à réformer en profondeur. A la sortie de la crise de février, tous les politiciens et analystes français avaient insisté sur l’urgence de profonds changements structurels ; hors quelques-uns des « derniers indépendantistes », aucun des politiciens et analystes de Guadeloupe et Martinique n’ont réussi à sortir des revendications absconses des 200 euros et de baisse immédiate des prix. Comment pourrait tu faire baisser les prix sans une autorité régulatrice autochtone, hein Fonmi Wouj ?
"Le statut quo n’est plus possible", si le garant de la constitution française l’affirme, c’est qu’il faut aller beaucoup plus loin qu’une autonomie de gestion et ouvrir grandes les portes et fenêtres de la négociation politique or ni le PPM, ni l’UMP/FMP, ni la FSM n’ont les cadres et la culture politique pour négocier. Le discours indépendantiste des années 70/80 avait déjà montré les limites théoriques de l’autonomie politique.

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