dimanche 22 juin 2008

"Habiter le monde"




Ce petit livre de 110 pages qui jette un coup d’œil militant sur les soixante années de régression politique en Martinique paraît à un moment où la mémoire immédiate (la mémoire de transmission) des martiniquais capitule sous le joug d’une globalisation foudroyante et non maîtrisée.
La mémoire d’archives n’est d’ailleurs pas des plus vaillantes, elle s’appuie sur des années de désinformation et de propagande colonialiste et folkloriste, France Antilles, les archives coloniales, les écrivaillons folkloristes, etc. Une presse militante parfois dérisoire, parfois trop en rupture n’a pu entreprendre la faible socialisation politique des martiniquais. Ainsi, ces témoignages militants, (Martinique, comportements et mentalité de G. Cabort-Masson, la grande manipulation politique de M. Dufrénot, l’écologie ou la passion du vivant de G. Malsa ou Habiter le Monde de M-H. Léotin) étoffent donc un espace politique martiniquais archi dominé dont les acteurs les plus éclairés s’évadent en gobant les forfanteries de la presse et des salons littéraires parisiens. Ce petit livre témoigne donc de soixante ans de luttes sociales qui, selon Marie-Hélène Léotin, auraient permis l’émergence d’une personnalité martiniquaise. Une conscience de soi qui piétine dans son vouloir à habiter le monde.
Les luttes politiques ont-elles jamais pleinement habité la formation sociale Martinique, depuis 1946 ? Quels acteurs ont mené ces luttes sociales ? Comment penser une loi d’assimilation que ses rapporteurs avaient entendue comme une revendication séculaire d’égalité sociale et qui, finalement a réduit le peuple martiniquais à une dépendance atypique, au larbinisme politique ? Quelle portée d’un progrès social qui ne correspondrait pas à un mouvement de la société sur elle-même ?
L’identité politique ainsi dégagée montre bien un acteur social et politique à deux visages qui n’habite pas pleinement son pays, encore moins le monde. C’est ce paradoxe du "chat an sak", progressiste et nationaliste à Trénelle/Citron ou Bò-Kannal et sousèkè universel dans les couloirs étroits du pouvoir français. C’est aussi, malheureusement, ce paradoxe d’un patriotisme qui a hérité de trente ans de militantisme politique et qui s’est ankaye dans un syndrome de la périphérie où l’on nie la géographie (l’Europe tropicale) et nargue l’histoire caribéenne. Dans Habiter le monde, Martinique 1946-2006, M-H Léotin veut voir au-delà de l’acte juridique "zombifiant" n°46-451 du 19 mars 1946, un combat martiniquais pour entrer dans le monde.
Pimpe isiya la

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